mardi 21 juin 2011

Le premier lien


Le premier lien est vraisemblablement celui du fétus avec le corps de la mère. Ce lien, chacun devra le construire ensuite dans le carré parental et avec soi-même. Toujours à construire, avec le monde, avec les autres et - on l'oublie trop - avec soi-même. On s'aime, on ne s'aime pas, on veut être ceci ou cela. On se regarde aller. On se déteste ou on développe un narcissisme et un ego excessifs. Le lien avec soi-même, l'idée, l'image qu'on se fait de soi-même, qu'on tente de transformer, d'édifier, ce sera l'affaire de toute une vie. Certains voudront changer de sexe, d'autres seulement de couleur de cheveux ou de nez. Ce lien fondamentalement narcissique, nécessairement schizophrénique, inhibé, extraverti, modeste ou ambitieux, nous le retissons constamment au regard de nous-mêmes, mais aussi de l'autre, des autres. Je suis un réseau de liens, intimes et étrangers. La conscience de soi est un agrégat, un tissu de liens, nécessairement plastique, fripé ou extensible, avec des trous, des raccords, un patchwork, comme une peau de chagrin ou comme un grand rouleau de 100 mètres, noir, rose, rouge ou vert, ou marbré et bariolé. Fragmenté.
Et pourtant, chacun de nous construit une sorte d'unité, simulacre ou illusion de celui qu'on croit être, qu'on voudrait être, ou des innombrables impressions que les autres ont sans doute de nous.
Et voilà donc le port d'attache, si fragile ou incertain, à partir duquel nous naviguons vers les autres, ou les évitons. Cette surface du jeu social est un immense tissu d'intersubjectivités sur lequel nous dansons, courons, découvrons, partageons, et aimons ou fuyons les autres. Et élargissons notre conscience jusqu'à l'hyperhumanisme, ou médiocrement dans l'obsession de notre seul intérêt à court terme. Grand jeu, grand défi.

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