dimanche 17 avril 2011

Qui pensez-vous être? Qui voudriez-vous être?

Nous tentons chacun de définir notre identité entre ce qui semble objectivement l'avoir déterminée et ce que nous aspirons à devenir. Au-delà de ce que peut en dire notre carte enregistrée par les registres publics, rien de plus flou que l'identité de chacun de nous. Elle est orientée vers le passé et/ou le futur, elle oscille dans une dynamique qui va du principe de réalité à celui du désir. Elle est autant marquée par notre culture d'origine, notre appartenance sociale, que par notre biographie la plus unique. Elle est quelque chose comme un agglomérat de liens entre passé, présent et désir d'avenir, physiologie et imaginaire, déterminismes et résistances ou échappatoires, histoire familiale, conjugale et professionnelle, un bouquet d'options idéologiques et politiques. Elle est, disait Freud, ce que l'on a été et dont on a enfoui la mémoire. Elle est, disait Sartre l'existentialiste, ce que l'on fait. J'ai pu écrire moi-même que "l'homme est un réseau pensant" (La planète hyper).
En posant ces deux questions aux Québécois en 1981, suite à mon exposition au Musée d'art contemporain de Montréal, et en analysant les quelque 7000 réponses obtenues avec un groupe de sociologues, écrivains, psychanalystes, je cherchais sans aucun doute aussi moi-même à comprendre cette société québécoise dans laquelle j'avais décidé de m'intégrer en quittant la France(*).
Lorsque nous parlons aujourd'hui, à l'âge du numérique, de l'importance des liens, lorsque nous définissons une identité comme un réseau de liens, un agrégat structurant, sans cesse mouvant,lorsque nous parlons d'un nouvel humanisme, plus fort, fondé sur les hyperliens, nous ne sommes donc pas dans des théorisations abstraites, mais au coeur même de la vie, de l'expérience individuelle et collective.
hf
(*) Cette enquête a été publiée sous le titre "L'oiseau-chat" aux éditions La Presse en 1982.
L'image qui illustre ce blog témoigne de l'enquête que nous avons menée à l'époque avec un collectif d'artistes aussi bien dans la rue (ici, la rue Saint-Denis, à Montréal), qu'avec l'appui du journal La Presse. Toute identité humaine est une sculpture imaginaire.

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